Est-ce que ça va mal en TV au Québec ?

Publié le 11 juillet 2025

Selon le Profil de l’industrie audiovisuelle au Québec 2025, la valeur totale des productions cinématographiques et télévisuelles québécoises a baissé de 224 M$ et le nombre de projets est passé de 671 à 535 entre 2022-2023 et 2023-2024.

Très grossièrement, l’essentiel de notre production est financé par trois sources importantes : les obligations de production des diffuseurs titulaires d’une licence du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC), le Fonds des médias du Canada (FMC), ainsi que les crédits d’impôt à la production.

Les diffuseurs sous licence, c’est-à-dire les TVA, NOOVO, SRC et les canaux spécialisés, ont connu une baisse marquée de leurs revenus publicitaires comme mentionné dans ce récent article de La Presse. Ces sommes ont migré vers le web.

Le FMC est (depuis 1996...) soutenu par les abonnements au câble… Le câble ? Les sommes investies par le FMC sont passées de 374 M$ en 2015 à 346 M$ en 2025, et on ne parle pas de l’inflation.

Enfin, les crédits d’impôt à la production sont directement liés aux sommes investies par les diffuseurs. En gros, moins de dollars en obligations de production = moins de productions = moins de crédits d’impôt versés. Ça, c’étaient les mauvaises nouvelles.

EST-CE QUE ÇA VA ALLER MIEUX ?

Le gros du financement est directement lié à des règles édictées par le CRTC. 

En juin 2024, le CRTC a émis des règles qui obligent les plateformes étrangères à investir dans la production canadienne. Malheureusement, ces plateformes on fait fi de leurs obligations et s’en remettent présentement aux Tribunaux pour ne pas payer leur dû. Ce sont autour de 200 M$ / par an, dont approximativement 40 M$ / par an au Québec (plus les crédits d’impôt qui y seraient liés) qui ne sont pas injectés dans notre industrie. 

Le CRTC doit maintenant déterminer de quelle manière les acteurs canadiens de l’industrie : diffuseurs linéaires ou web, plateforme, fournisseurs internet, téléphonie, vont participer à la pérennité de notre culture audiovisuelle canadienne et québécoise. Les audiences sont présentement en cours. Peut-on espérer de nouvelles règles dans la prochaine année ?

En attendant, je nous souhaite beaucoup de solidarité. Entre nous, avec nos producteurs et nos diffuseurs. MAIS je nous invite aussi à ne pas accepter de subventionner, encore plus, à travers nos conditions de travail et nos salaires la survie de notre culture. Plus jamais sur notre dos.

Dominic Pilon,
Vice-président – Productions télévision et documentaires