Jonathan Decoste - Directeur de la photographie
Publié le 10 octobre 2025

Nous nous sommes entretenus avec Jonathan Decoste, directeur de la photographie passionné et reconnu à travers plusieurs distinctions. Tout récemment, il a remporté le prix de la Meilleure direction photographique – fiction pour IXE-13 : LA COURSE À L’URANIUM – Épisode 3, remis en collaboration avec l’AQTIS 514 IATSE, lors du Gala des métiers et du documentaire des Prix Gémeaux 2025.
Dans ce portrait, découvrez son métier, ses sources d’inspiration et l’importance qu’il accorde au travail d’équipe !
Qu’est-ce qui t’as donné envie de devenir directeur photo et quel est ton parcours ?
Ma passion pour l’image et le cadrage remonte à mon enfance. J’ai eu la chance de fréquenter une école alternative où l’expérimentation et la curiosité étaient encouragées. Dès le secondaire, j’ai pu explorer le cinéma et la photo, en travaillant dans une chambre noire, en cadrant les photos de finissants et en m’impliquant dans des projets parascolaires. C’est là que j’ai découvert à quel point j’aimais raconter des histoires en images.
J’ai ensuite étudié le cinéma au cégep de Saint-Laurent, puis à l’UQAM en communication (profil cinéma). Comme plusieurs, je pensais devenir réalisateur, mais j’ai vite compris que ce qui me passionnait vraiment, c’était de cadrer, de jouer avec la lumière et de transformer une vision en images. C’est à ce moment que je me suis reconnu comme directeur photo.
Mon chemin s’est ainsi bâti sur la curiosité, les rencontres et beaucoup de pratique.

Sur IXE-13 : La course à l’uranium, quel a été le plus grand défi visuel ou technique et comment l’as-tu surmonté ?
Le plus grand défi, c’était de recréer Montréal des années 40-50, dans un contexte où il ne reste presque aucun vestige de cette époque. Tourner en 2023-2024 et donner l’illusion qu’on est en 1945 a demandé énormément de préparation et de créativité. On voulait plonger le spectateur dans un univers crédible, inspiré du film noir et des séries d’espionnage, ce qui a exigé une collaboration étroite avec les équipes de décors, de costumes, de coiffure et de maquillage. Chaque détail, tel que les voitures, les accessoires, les coiffures, la lumière, devait contribuer à l’immersion.
Une autre épreuve a été d’adopter une nouvelle méthode de travail. Pour la première fois au Québec, nous avons pu élaborer le rendu visuel dès le tournage grâce au coloriste Karim El Katari. Je voyais déjà une image proche du résultat final sur le plateau, et toute l'équipe pouvait ajuster son travail en conséquence. Cette approche a non seulement fait gagner du temps en postproduction, mais elle a aussi permis d’affiner l’esthétique et de donner à IXE-13 : La course à l’uranium sa signature visuelle unique.
Jonathan Decoste, directeur à la photographie
Quel moment dans ta carrière restera à jamais gravé dans ta mémoire ?
Je repense souvent à mon premier long métrage, Roche, papier, ciseaux de Yan Lanouette Turgeon. Je me souviens encore de la dernière journée de tournage. Après la dernière scène, on a sauté dans les airs et on s’est serrés dans nos bras. C’était une victoire d’équipe !
Ce que je retiens le plus de ma carrière, ce sont ces moments humains : la complicité entre collègues, la famille qu’on forme le temps d’un tournage… puis la tristesse quand ça se termine. Ce sont ces souvenirs-là qui me marquent et qui me motivent à chaque nouveau projet. Un film ne se fait jamais seul; ce sont plusieurs personnes qui se mettent ensemble pour raconter une histoire.
Quel conseil donnerais-tu aux jeunes qui rêvent de se lancer en direction photo et de se tailler une place dans l’industrie québécoise ?
D’abord, soyez curieux. Expérimentez et mettez vos idées à l’épreuve. La direction photo n’est pas une recette à suivre : c’est une sensibilité, une vision et un langage qui se développent avec le temps. Aujourd’hui, vous avez accès à des outils que je n’avais pas à mes débuts : caméras partout, logiciels de montage et de colorisation accessibles. Profitez-en pour tourner, prendre des photos, monter, coloriser… et surtout, raconter des histoires.
Entourez-vous de personnes qui partagent vos aspirations. Les rencontres sont essentielles : c’est souvent une personne déjà établie qui vous donne votre première chance. Au Québec, l'industrie se repose sur une grande solidarité et une proximité entre les équipes. On apprend vite à travailler ensemble, à être polyvalents, et cette culture de collaboration donne une force et une couleur unique à nos productions. N’ayez pas peur de demander des stages ou d’autres opportunités pour apprendre, vous n’avez rien à perdre. Contactez les techniciens à l'aide du bottin des membres sur le site de l'AQTIS 514 IATSE. Et surtout, rappelez-vous : la direction photo est un marathon, pas un sprint. On se construit projet après projet, avec patience, passion et persévérance.