Arthur Tarnowski - Monteur

Publié le 5 avril 2023

Mot de la part de l'équipe de montage destiné aux collègues des plateaux de tournage

Je profite de ce portrait pour saluer tous les collègues des plateaux de tournage, car nous n’avons malheureusement pas souvent l’occasion de vous voir. Au nom du département Montage et postproduction, je tenais à vous dire qu’on apprécie vraiment l’énorme travail que vous faites sur les plateaux. Nous ne sommes rien sans vous. Même si on fait partie de la même équipe, les monteurs sont souvent plus isolés dans leur coin.  Nous sommes toujours contents de vous voir aux visionnements d’équipe et de connecter avec les personnes qu’on a appris à connaître à travers nos écrans.

Au nom de tous les monteurs, un grand merci pour toutes les images !

QUELLE EST TA FONCTION ? COMMENT DÉCRIRAIS-TU TON TRAVAIL ?

Je suis monteur et mon travail consiste d’abord et avant tout à mettre en forme la vision du réalisateur et à concrétiser le montage qui est la phase ultime de la conception du film. Je prends toutes les scènes, qui ont été tournées, et je les construis pour donner corps à la meilleure version de l’histoire qu’on souhaite raconter. D’abord, on fait un premier montage pendant le tournage et ensuite, avec le réalisateur, on complète le tout en repassant à travers toutes les scènes. On travaille étroitement avec les assistants-monteurs, l'équipe de son, la direction photo, les effets visuels et bien sûr, la réalisation.

Les monteurs revoient les mêmes images à répétition et souvent doivent trouver des solutions aux problèmes reliés à l’enchainement des scènes. Il faut donc avoir un sens aigu du rythme, une certaine dose de patience et évidemment, savoir comment raconter des histoires. C’est également un métier relativement solitaire, mais on travaille quelques fois en tandem. Il faut aussi savoir maitriser l’art de la diplomatie quand on intègre les opinions de tous et chacun sur le montage.

Mur de scènes utilisé pendant le montage de The Hummingbird Project de Kim Nguyen (2018)

QUEL ASPECT DE TON TRAVAIL AIMES-TU LE PLUS ?

Il y a plusieurs aspects de mon travail que j’aime beaucoup ! C’est difficile pour moi d’en cerner un seul.

Le moment lorsqu’on on voit la version finale du film sur grand écran est magique. On a vraiment le sentiment du travail accompli. C’est toujours agréable de voir les réactions des gens, que ce soient les techniciens lors d’un visionnement d’équipe ou le grand public dans une salle de cinéma.

Dans le cadre de mon travail, j’ai une préférence pour le premier montage, car je rencontre le film pour la première fois. Je passe énormément de temps avec le matériel pour me laisser plonger dans l’œuvre. Le processus créatif pendant cette étape me plait beaucoup.

En somme, ce que je préfère, c’est voir la contribution de chaque département au projet. Le cinéma et la télévision unissent diverses formes d’arts. C’est ce qui fait toute la beauté de ce médium !

QUEL EST, SELON TOI, LE PLUS BEAU PROJET SUR LEQUEL TU AS TRAVAILLÉ ?

J’en ai plusieurs en tête et ne pense pas pouvoir tous les nommer ! J’ai eu la chance de travailler avec des réalisateurs qui m’ont beaucoup appris. J’ai eu énormément de plaisir à travailler entre autres avec Émile Gaudreault sur de nombreux projets, et plus récemment, avec Denys Arcand.

J’ai aussi beaucoup aimé travailler sur la série Largo Winch, qui est l’une des plus belles expériences de ma carrière. J’ai même eu l’opportunité de sortir de la salle de montage et tourner comme réalisateur de deuxième équipe en France et à New York. Ce projet m’a permis de rencontrer plusieurs personnes qui sont encore mes amis à ce jour. J’ai été choyé sur les deux fronts : professionnel et personnel !

Photo de l'équipe de la série Largo Winch (2000)

AS-TU UNE ANECDOTE INSOLITE LIÉE À TON TRAVAIL À PARTAGER ?

On devait créer une vidéo drôle sur YouTube pour le film De père en flic 2. Comme notre chat Alice aime bien jouer au ping-pong avec nous, j’ai demandé à mes enfants de la filmer pendant ses joyeux ébats. Cet enregistrement apparait maintenant dans le film. Voilà comment elle a fait ses débuts d’actrice. Je crois même qu’elle figure dans le générique de fin. 

QUEL AVENIR IMAGINES-TU POUR LA PROFESSION ?

Ce n’est pas évident avec tous ces changements technologiques. Je crois que le métier de monteur ne disparaitra pas, parce que la touche humaine au montage ne peut être remplacée. Les avancées technologiques sont fréquentes dans notre milieu et facilite notre travail. Cependant, elles ne jouent pas tout le temps en notre faveur. Les nouveaux outils nous permettent de travailler plus rapidement, mais ce que nous avons gagné en vitesse, on le perd en temps de réflexion.  

On verra bien ce que l'avenir nous réserve. On entend déjà parler de logiciels qui génèrent des textes en deux temps trois mouvements. Peut-être que dans dix ans, il y aura un ordinateur assez puissant pour prendre des décisions créatives au montage. Cela dit, j’ai l’impression que tout va bien à l’heure actuelle et notre métier est en grande demande.

SELON TOI, QUELLE EST LA FORCE DE L’INDUSTRIE AUDIOVISUELLE AU QUÉBEC ?

Selon moi, le Québec possède de nombreux atouts. L’industrie d’ici est comme un bastion francophone en Amérique du Nord. Quand les producteurs américains et européens viennent tourner chez nous, ils se sentent à la fois à l'aise et dépaysés. Ils ne retrouvent pas ce sentiment lorsqu’ils sont à Toronto ou à Vancouver. Le fait qu’on a un pied dans la culture nord-américaine et l’autre dans celle qui est plus européenne et qu’on est souvent bilingue nous permet de voir les choses différemment et d’être plus ouverts d’esprit. 

Arthur avec Denys Arcand en montage de son dernier film Testament (2023)